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ces élèves qui m'ont formé
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ces élèves qui m'ont formé
2 mai 2014

Réforme des rythmes scolaires : pourquoi faire compliqué quand on pourrait faire simple ?

 

A ceux qui prétendent que l’on ne peut réformer l’école je voudrais attirer leur attention sur les très nombreuses réformes que les ministres ont  tenté de mettre en œuvre et qui malheureusement, ont trop souvent abouti à un échec. . Pourquoi ? La plupart du temps, cet échec s’explique par une méconnaissance de la réalité du terrain mais aussi par des désaccords sur les missions de l’école. La réforme des rythmes scolaires n’échappe pas à cette logique.

Pour avoir exercé pendant près de 38 ans dans l’éducation nationale en tant qu’instituteur, directeur, maître formateur puis conseiller pédagogique, et en tant que tel, chargé de l’étude des projets d’école mais aussi de l’articulation de ces projets avec les projets éducatifs locaux puis territoriaux, je pense que nous avions, avec cette réforme, l’occasion de faire évoluer l’école mais que cette occasion a été, une fois de plus, gâchée.

Permettez-moi au préalable d’évoquer un certain nombre  de constats :

Tout d’abord, cette réforme a été lancée juste avant une période d’élection municipale ; les discussions entre les élus d‘une part, les parents et les enseignants d’autre part, ont fait apparaître des divergences : les parents préféraient l’école le mercredi matin, privilégiant ainsi le rythme de vie de la famille tandis que la plupart des enseignants préféraient l’école le samedi, privilégiant ainsi la réussite scolaire. Etant donné que les parents étaient beaucoup plus nombreux à voter que les enseignants, peu de maires ont pris  la décision de libérer l’école le mercredi matin.

Beaucoup d’enseignants ont encore des difficultés à comprendre l’intérêt des projets d’école et donc à s’y impliquer, d’autant plus que certains ministres de l’éducation nationale, Gilles de Robien par exemple, ont lourdement  insisté sur l’indépendance pédagogique de chaque professeur des écoles, jetant ainsi le trouble sur le travail en équipe et les cycles d’apprentissages. Et que dire des projets éducatifs territoriaux dans lesquels les enseignants se sentent encore moins concernés sauf par rapport au soutien scolaire et à l’aide au travail scolaire.

Je voudrais faire également quelques remarques concernant le fonctionnement des écoles. Beaucoup d’entre elles se sont équipées au fil des années de salles informatiques et de BCD (bibliothèque Centre Documentaire) voire de salles de sciences, en particulier dans le domaine technologique. Malheureusement, ces équipements sont souvent sous utilisés et parfois confiés à une autre personne permettant ainsi à  l’enseignant  de scinder son effectif en deux. Rarement ces équipements sont considérés comme étant le centre des activités scolaires ; plus souvent ils apparaissent comme des activités supplémentaires. Or, les enseignants ont moins de temps pour enseigner puisque la semaine scolaire est passée à 24 heures et ils ont toujours la crainte de ne pas pouvoir boucler le programme. Songez que, en l’espace de 40 ans, nos élèves ont perdu l’équivalent d’une année d’école puisque la semaine scolaire était de 30 heures.

On évoque souvent la Finlande comme modèle de réussite scolaire ; il  est vrai que ce pays a fait le choix de la réussite des élèves dans une logique de formation ce qui explique l’absence de notes  à l’école (ce qui ne signifie pas absence d’évaluation), mais aussi et en même temps le choix de l’épanouissement des enfants ; la Finlande a fait le choix de développer la motivation interne des élèves, autrement dit leur propre motivation en remplacement d’une motivation externe basée sur les notes, les sanctions et les initiatives exclusives des adultes. Nous sommes loin de ces objectifs et le nombre de décrocheurs et de non diplômés est là, hélas, pour nous le rappeler. Et pourtant, la réforme des rythmes scolaires aurait pu être un formidable levier pour faire évoluer  notre école vers une école moderne répondant ainsi aux demandes des enseignants mais aussi des parents et de la nation bien sûr, afin de permettre à nos élèves de réussir mais aussi de se préparer à devenir des adultes responsables.

Pour illustrer mon propos je voudrais raconter brièvement une séance en classe que j’avais observée en tant que conseiller pédagogique ; il s’agissait d’une séance de mathématiques consacrée au patron du cube, c’est-à-dire à la représentation plane d’un  cube sur une feuille quadrillée ; la séance s’était très bien déroulée, les élèves avaient été actifs, ils avaient constaté que certaines représentations ne pouvaient donner un cube par pliage  et avaient trouvé plusieurs solutions ce que l’enseignante avait mis en évidence lors de la synthèse en fin de séance ; je pensais que la séance était terminée et voilà que l’enseignante  tourne le tableau et  explique aux élèves qu’elle a représenté les 11 manières différentes de représenter un cube ; intérieurement je ne pus m’empêcher de me dire : « Circulez, il n’y a plus rien à voir ni à apprendre ! » Nos élèves sont bien gentils : imaginez qu’un élève proteste en disant : « Alors, on a fait tout ça pour rien puisque c’était déjà au tableau ! La prochaine fois, j’attendrai les réponses ! »

Quel dommage !

Maintenant imaginez que l’enseignante ait expliqué aux élèves : « <Voilà, vous avez trouvé 4 manières différentes de dessiner le patron d’un cube. » Si les relations élèves/enseignante sont constructives, nul doute qu’un élève demandera s’il y en a d’autres ; ce à quoi l’enseignante pourra répondre : « C’est possible ; nous allons recopier ces 4 solutions et si un élève en trouve une autre, nous l’ajouterons à notre liste. » L’essentiel, par rapport aux programmes,  a été fait mais l’enseignante a suscité, entretenu  la curiosité des élèves ; et qu’importe si un ou deux élèves seulement se sentent motivés ; les autres seront peut-être davantage intéressés par une recherche en histoire en salle informatique, voire la présentation d’un livre ou d’une petite pièce de théâtre en BCD, ou la fabrication d’une machine en salle de technologie. Ce temps consacré à des projets individuels ou par petits groupes trouverait parfaitement sa place après la classe. Il serait encadré par les enseignants mais aussi par des animateurs de la ville. Il serait aussi consacré à l’apprentissage des leçons de façon que tous les élèves en quittant l’école n’aient pas le souci du travail scolaire en rentrant chez eux (certains rentrent parfois assez tard après d’autres activités) et aussi à l’aide aux élèves en difficulté à condition que ce besoin soit exprimé par l’élève. Utopie ? Laxisme pédagogique ? Détrompez-vous, ça fonctionne et même très bien à une condition : la confiance élève/enseignant ; car si à sa première demande, l’élève s’entend répondre : « Tu n’avais qu’à écouter… »

Ah, j’oubliais ; ce temps après la classe consacré à l’apprentissage des leçons, à l’aide individualisée et aux projets des élèves, représenterait une heure par jour ; or les enseignants ne doivent que deux heures ; je propose que le ministère leur paie une heure supplémentaire (en compensation du gel du point d’indice) et que la dernière heure ne concerne que la moitié des enseignants, cycle 2 ou cycle 3. L’encadrement serait alors renforcé par des activités artistiques, par exemple chorale et/ou musique (orchestre ?) en fonction des possibilités locales, ces activités disparaissant des activités enseignées dans les écoles concernées afin de libérer du temps aux autres apprentissages.

Ainsi, on aurait davantage de cohérence et de complémentarité entre projets d’écoles et projets éducatifs territoriaux, l’organisation serait beaucoup plus simple, centrée sur l’enfant afin de lui permettre de s’épanouir et de réussir en tant qu’élève.

Chaque collectivité aurait conservé la possibilité de proposer des activités comme par le passé jusqu’à 18h par exemple en attendant le retour des parents, mais cela ne concernerait qu’un faible nombre d’enfants.

Avec moins de dépenses, plus de simplicité, plus d’efficacité et de cohérence, cette réforme pourrait être un formidable levier de transformation de l’école au bénéfice des élèves.

On a le droit de rêver !

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Commentaires
D
en fait, il faut plutôt parler de complémentarité entre le scolaire et le périscolaire; cette complémentarité devrait être visible dans la lecture des projets d'écoles et des projets éducatifs territoriaux; par contre, en ce qui concerne l'extra scolaire, il y a bien rupture, puisque les activités sont choisies par les enfants et les familles (par exemple, l'enfant qui désire apprendre à jouer de la trompette ou jouer au golf, même si ces activités ont été parfois découvertes dans le cadre scolaire).<br /> <br /> les activités périscolaires servent souvent de passerelle vers les clubs sportifs ou les associations culturelles.
M
C'est en effet une alternative interessante à la solution proposée. Toutefois, n'étant pas du tout un spécialiste des rythmes scolaires, je peine à distinguer l'articulation entre l'enseignement du "programme", le périscolaire et l'extra scolaire.<br /> <br /> La question est : séparation ou continuité ?
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