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ces élèves qui m'ont formé
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ces élèves qui m'ont formé
11 décembre 2014

Actualités de décembre 2014 : le code informatique

Trois sujets retiennent mon attention en ce qui concerne l'école : la réforme de l'évaluation (j'avais d'ailleurs fait acte de candidature pour participer au jury), la question du redoublement à l'école (qui sera traitée début 2015) et l'initiation au code informatique. 3 sujets qui agitent les médias, les salles de classe, les réunions avec les parents  mais aussi bien sûr, le monde politique. Si je voulais faire l'innocent, je pourrais m'étonner de toute cette agitation sur des questions réglées depuis longtemps ; par exemple, à propos du code informatique ;  dans les années 1985, nous avions commencé , suite au plan informatique pour tous, une initiation au langage LOGO ; tandis que les élèves de maternelle s'entrainaient à programmer les déplacements d'une tortue de sol avec des instructions simples, les élèves de cycle 2 et de cycle 3 apprenaient à piloter un petit robot (qu'on appelait aussi la tortue) mais sur écran . A vrai dire, peu d'enseignants se sont lancés, à cette époque) dans cette initiation à la programmation. Il faut dire aussi que beaucoup d'enseignants se montraient un peu (très?) rétifs voire allergiques à l'utilisation de l'ordinateur à l'école ; l'enseignement était alors essentiellement magistral et la présence au mieux d'un réseau de 6 ordinateurs au pire d'un seul ordinateur dans la classe quand ce n'était pas dans l'école, ne soulevait pas beaucoup d'enthousiasme. De plus, certains formateurs s'étaient mis en tête d'utiliser le langage LOGO pour étudier les règles de grammaire, ce qui a achevé de refroidir ceux qui étaient tentés par cet outil.

Et pourtant, c'était une occasion inespérée de faire évoluer l'école, mais peut-être que c'était un peu prématuré pour beaucoup d'enseignants.

La programmation de la tortue modifiait sensiblement le rôle de l'enseignant mais aussi le rapport au savoir ; comme il n'était pas question pour les élèves de tous faire la même chose au même moment, cette activité débouchait sur des essais de déplacements et des projets de dessins conçus par les élèves ; la réponse ne venait pas de l'enseignant, mais de la tortue qui réagissait en fonction, non pas de l'intention de l'élève mais des instructions qu'il lui avait données, et les surprises étaient parfois de taille ; de son côté, l’enseignant, au lieu de faire un cours magistral, pouvait intervenir en fonction des besoins des élèves mais aussi des « réponses » de la tortue. Dans mon livre, je consacre deux chapitres à ce langage LOGO avec des exemples concrets. Permettez-moi d'évoquer l'un d'eux.

Pour tracer un carré, il faut tracer un côté, puis tourner de 90° et recommencer 3 fois.

En langage LOGO, pour un carré de 40 de côté, cela se traduit par :

Avance 40  Tourne à Droite 90   Avance 40  Tourne à Droite 90  Avance 40  Tourne à Droite 90 

Avance 40  Tourne à Droite 90

 

On peut bien sûr simplifier :

AV 40 TD 90    AV 40 TD 90    AV 40 TD 90  AV 40 TD 90

ou encore :

REPETE 4 [AV 40 TD 90]

 

Il est à noter que les instructions AV TD REPETE sont des instructions connues de la tortue ; elles font partie de son langage ; les crochets sont indispensables avec l'instruction REPETE, si on met des parenthèses, la tortue ne comprend pas ; ce langage LOGO est donc composé d'un vocabulaire et d'une grammaire.

Voici d'autres instructions connues de la tortue : RE pour recule ; TG pour tourne à gauche ; LC pour lève crayon si on veut que la tortue avance sans tracer, puis BC pour baisse crayon si on veut qu'elle trace à nouveau.

Mais ce qui intéressant, c'est que l'on peut apprendre des instructions à la tortue ; elle ne connait pas CARRE ; si on lui écrit ce mot, elle répond : « comment faire CARRE ? »

mais on peut lui apprendre :

 

POUR CARRE

REPETE 4 [AV 40 TD 90]

FIN

 

La grammaire LOGO nous impose de commencer par : POUR …. et de terminer par le mot FIN.

 

Si on écrit ensuite CARRE, la tortue trace un carré de 40 de côté. L'ennui, c'est que pour tracer un côté de 30, il faudrait tout réécrire avec AV 30 ; les élèves comprennent vite que seule la longueur du côté est différente ; ils en viennent à demander comment on pourrait écrire une instruction qui permette à la tortue de tracer tous les carrés possibles.

L'enseignant peut alors apporter une nouvelle connaissance : il faut remplacer le nombre 40 par un mot présenté de la façon suivante      :COTE   (on pourrait choisir     :LONG  ou encore    :TRACE comme on veut).

L’instruction CARRE va donc se présenter de la façon suivante :

 

POUR CARRE  :COTE

REPETE 4 [AV  :COTE TD 90]

FIN

 

Il est en effet nécessaire de prévenir la tortue, dans le titre, qu'elle va devoir remplacer un mot par un nombre ; si ensuite on tape CARRE, elle répond : « pas assez de données pour faire CARRE » ; normal puisqu'elle ne sait pas quelle valeur donner à CARRE.

Si on lui écrit CARRE 20, alors elle trace un carré de 20.

Si on lui écrit CARRE 60, alors elle trace un carré de 60.

 

Lorsqu'on trace un carré à l'aide d'un logiciel de dessin, on pointe le départ et la souris permet de faire varier la taille du carré en fonction de la longueur du côté choisie ; c'est le même principe.

Dois-je vous préciser que les élèves, y compris au cycle 3, sont capables d'aller bien plus loin et d'aborder des notions que de nombreux professeurs de collège voire de lycée aimeraient bien pouvoir apprendre à leurs élèves.

Il faut dire que ces-derniers sont motivés car cette activité de programmation les passionne. Et c'est bien là que se trouve le problème. La valorisation du travail réalisé, seul ou à plusieurs, réside dans le résultat obtenu : a-t-on réussi ou pas ? Quels prolongements les élèves donneront-ils à leur travail ?

La question dès lors de l'évaluation, ne se pose plus en ces termes : « quelle note l'enseignant va-t-il mettre aux élèves ? » Il est nécessaire de penser l'évaluation de manière différente ; mais aussi de penser la pédagogie de manière différente : ne peut-on penser que, écrire un texte sera aussi un projet qui suscitera des questions de la part des élèves , questions auxquelles l'enseignant apportera des réponses pour permettre aux élèves d'aller plus loin : un exemple classique, celui du passé simple. Lors de l'écriture d'un conte, les élèves seront confrontés à des verbes dont ils ne maitrisent pas la conjugaison ; les questions qu'ils poseront alors exigeront des réponses de la part de l'enseignant, en terme de connaissances par rapport aux verbes du programme mais aussi en terme de compétences pour être capable d'aller chercher dans un fichier, la conjugaison de verbes hors programme et dont ils auraient besoin pour poursuivre l'écriture de leur texte. La valorisation du travail réalisé se fera dans la publication des textes produits (journal ou site d'école par exemple) ou dans l'alimentation du fonds de la bibliothèque.

Mais combien d'enseignants sont prêts à entrer dans cette démarche ? Les premières réactions concernant l'initiation au code informatique, évoquent l'idée qu'il faudrait des enseignants spécialisés en informatique, ou que cette initiation pourrait se faire dans le cadre des activités après la classe : on est mal parti ; du coup, le débat sur l'évaluation et le redoublement risque de reposer sur des bases disons instables.

J'y reviendrai dans un prochain article.

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Commentaires
C
Intéressant ! 1985 ? Dommage que ça n'ai pas été suivit. Un sujet qui est toujours d'actualité et ou beaucoup de choses sont encore a faire.
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